POINT DE VUE

À nous deux, Batman !

        Lors des auditions que j’avais passées pour être dans le film, on m’avait préalablement fait passer une courte entrevue pour en savoir plus long sur moi. Ba Khoa m’avait alors demandé quelles étaient mes raisons pour vouloir jouer dans un film. Je lui ai répondu que j’avais besoin d’un nouveau passe-temps, que je voulais développer mon côté artistique, que je voulais aussi combler mes lacunes dans ce domaine afin d’avoir une culture générale plus équilibrée et… que je voulais tenter ma chance pour être le prochain Batman.

        Eh oui, après Adam West, Michael Keaton, Val Kilmer et George Clooney, ça sera Guy Morissette. Ça sera à mon tour d’incarner le millionnaire Bruce Wayne le jour; et, la nuit, ça sera à mon tour d’enfiler ce célèbre costume de latex noir muni d'une cape de polyester, d’embarquer dans la rutilante Batmobile (avec son moteur qui «pète le feu» dans le vrai sens de l’expression) et de filer à toute allure dans les rues de Gotham City à la recherche de bandits et de brigands.

        Cela peut fort bien vous paraître ridicule, mais je voyais ce projet de film comme une loterie. Mes chances de «gagner», c’est-à-dire de devenir une vedette, étaient bien sûr aussi faibles que mes chances de gagner à la loterie. Cependant, lorsqu’on perd à la loterie, on a gaspillé 1 ou 2 dollars sans rien recevoir en échange, tandis qu’en tenant un rôle dans Guerre froide, même si je ne gagne pas le gros lot en devenant une vedette d’envergure internationale, au moins je me serai bien amusé et j’aurai fait de nouvelles connaissances. Comme dans n’importe quel sport, l’important n’est pas de gagner, mais de bien s’amuser; même si Guerre froide ne devient jamais un grand classique du cinéma, au moins on aura tous eu du plaisir à réaliser ce film, et c’est ça qui compte.

        En attendant, je continue à me motiver avec mon rêve, aussi farfelu et enfantin soit-il. La fin de semaine dernière, j’étais au Texas en train de visiter une amie que je me suis fait sur l’Internet, et dans ma chambre d’hôtel j’ai regardé le dernier film de Batman à la télé. Mon frère avait bien raison quand il m’avait dit que George Clooney n’était pas formidable dans le rôle du célèbre héros de bande dessinée. À la fin du film, je me suis dit : «Mais je peux faire mieux que ça, moi!». À nous deux, Batman!

Guy Morissette (2 août 1998)

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